Diffusion des données sur le français au Québec et au Canada : les indicateurs sont au rouge

Statistique Canada publiait aujourd’hui les données du recensement de 2011 concernant la situation démolinguistique au Québec et au Canada. Les résultats révèlent une tendance à la baisse sans équivoque pour le français.

Au Canada dans son ensemble, le poids du français est de 21,7% comme langue maternelle et de 21,0% comme langue parlée à la maison, une baisse de 0,4 point en cinq ans pour chacun des indicateurs. Le poids du français parmi les langues officielles est également en baisse. À l’extérieur du Québec, le français est principalement parlé à la maison par seulement 2,4% des individus.

« En plus d’une baisse du français comme langue maternelle et comme langue d’usage, on observe une inquiétante baisse de la connaissance du français au Canada, principalement due à une dégradation du bilinguisme chez les anglophones. En vingt ans, la connaissance du français n’a jamais été aussi faible au pays » souligne Patrick Sabourin, président de l’IRFA.

Les indicateurs sont également à la baisse au Québec où le français comme langue maternelle a reculé de 0,7 point par rapport à 2006, s’établissant à 78,9%, alors que la langue parlée le plus souvent à la maison a reculé de 0,6 point pour atteindre 81,2%. C’est toutefois à Montréal que la situation est la plus inquiétante :

« Le français comme langue parlée à la maison a poursuivi son déclin de 54,2% en 2006 à 53,0% en 2011. L’exode des francophones vers la banlieue n’explique pas entièrement cette baisse, le français ayant décliné de 0,7 point dans l’ensemble de la région métropolitaine de Montréal » explique Patrick Sabourin.

Le bilinguisme a globalement augmenté au Québec grâce à une hausse de la connaissance de l’anglais chez les francophones, qui est passée de 35,8% en 2006 à 38,3% en 2011. Les taux de bilinguisme ont légèrement diminué chez les anglophones et les allophones. Un peu plus de 5% des Québécois, soit 440 000 personnes, ne connaissent pas suffisamment le français pour soutenir une conversation. Cette proportion atteint 14% sur l’île de Montréal.

Le recensement confirme les tendances observées dans les dernières décennies, soit une marginalisation du français dans l’ensemble du Canada et un déclin lent et robuste au Québec. « Au Québec, la légère augmentation des transferts linguistiques vers le français ne suffit pas à en freiner le déclin. Même si ces transferts ont franchi la barre psychologique des 50%, on est toujours très loin du seuil de 90% qui permettrait l’équilibre démographique » conclut M. Sabourin.

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